Malgré la présence de deux talentueux acteurs, la mise en scène de Charles Berling peine à magnifier le désir exprimé par Koltès Charles Berling reprend Dans la solitude des champs de coton au Théâtre des Quartiers d'Ivry, qu'il avait monté l'année dernière au Théâtre Liberté et au Théâtre National de Strasbourg. La pièce met en scène deux personnages, un dealer –interprété par une femme dans cette version – et un acheteur. À travers ces deux personnages représentant respectivement l'offre et la demande, l'illicite et le licite, Koltès livre une parabole poétique sur la nature violente du désir. Mettre en scène Bernard-Marie Koltès n'est pas une mince affaire, d'autant plus quand il s'agit de Dans la solitude des champs de coton, dialogue énigmatique au style littéraire si étranger à la thématique du deal. Charles Berling ne s'est pas donné le « beau » rôle: il interprète un acheteur peureux, geignard et souvent agaçant. Face à lui, Mata Gabin incarne une dealeuse imposante et charismatique, tour à tour douce et fougueuse.
Image de la critique de Avoir Alire jeudi 23 mai 2019 Dans la solitude des champs de coton - un dealer, un client. Par Christophe Lambert Il y a vingt ans, Patrice Chéreau, acteur et metteur en scène, donnait vie à l'œuvre d'un auteur contemporain: Bernard-Marie Koltès. Quelques spectacles ont propulsé son écriture au rang de classique. Charles Berling a pris le pari audacieux de marcher sur les traces de sa famille théâtrale. Il offre à Mata Gabin le rôle de la dealeuse, heureuse surprise de ce spectacle.... Lire l'article sur Avoir Alire Image de la critique de mercredi 15 mai 2019 Charles Berling, dans la clarté des champs de coton Par Vincent Bouquet Quelques mois après sa création au Théâtre des Quartiers d'Ivry, le comédien livre, à La Villette, sa version tout en limpidité du chef-d'oeuvre de Bernard-Marie Koltès, « Dans la solitude des champs de coton ».... Lire l'article sur Image de la critique de Journal La lundi 22 avril 2019 Mélodrame métaphysique et urbain Par Catherine Robert Charles Berling met en scène et interprète, avec Mata Gabin, la confrontation entre le Dealer et le Client.
La symbiose entre les univers Koltès/Chéreau est restée emblématique. Mais une pièce doit vivre sa vie et accepter d'autres regards, d'autres directions; ainsi Dans la solitude des champs de coton montrée à la Manufacture des Œillets d'Ivry-sur-Seine justement, dans la mise en scène de Claude Berling, directeur du Liberté, scène nationale de Toulon, qui interprète aussi le rôle du Client. Le scénario est un nocturne au sens musical du terme. C'est l'histoire d'un deal, d'une rencontre entre deux personnages, le Client et le Dealer, et l'objet de l'échange n'est pas nommé. L'auteur définit le deal dans un préambule, lu ici par deux jeunes, à l'avant-scène, sur un coin du plateau: « Un deal est une transaction commerciale portant sur des valeurs prohibées ou strictement contrôlées et qui se conclut dans des espaces neutres, indéfinis, et non prévus à cet usage… » C'est un voyage entre le licite et l'illicite où le Dealer est ici une femme noire (Mata Gabin), ce qui ajoute au mystère. Dissimulée sous une capuche, elle fait face au public et au Client, blanc, au costume fatigué (Charles Berling).
». La rencontre est paradoxale: ce sont deux solitudes qui se croisent, s'attirent et se repoussent, jouent, en sachant très bien que la falaise est proche, que le jeu n'a pas de sens, que le gouffre est aussi tentant qu'effrayant. La limite extrême du désir, c'est bien à la fois la fin de la solitude et l'anéantissement. Le vendeur et le client sont interdépendants, mais ils sont tous les deux dans un combat qui ne les concerne pas complètement, dans lequel ils sont aspirés malgré eux, et ils ne se rejoindront que dans un destin commun à l'humanité. Au fond, l'animalité des désirs les convie à une destinée tragique, banalement tragique. Toute la pièce est jouée dans une économie de décor, de gestes, d'expressions, et il le fallait car le texte avec ses fragilités, ses temps forts, sensuels, sa chorégraphie, provoquent une tension qui va crescendo, une sorte d'insupportable suspens vers une fin qu'on sait inéluctable. La pièce a été montée dans ses premières représentations par Patrice Chéreau en 1987, et elle reste d'une telle splendide actualité qu'elle est sans cesse reprise par des grands metteurs en scène.