Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé; Le coup dut effleurer à peine: Aucun bruit ne l'a révélé. Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre En a fait lentement le tour. Son eau fraîche a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé; Personne encore ne s'en doute; N'y touchez pas, il est brisé. Souvent aussi la main qu'on aime, Effleurant le coeur, le meurtrit; Puis le coeur se fend de lui-même, La fleur de son amour périt; Toujours intact aux yeux du monde, Il sent croître et pleurer tout bas Sa blessure fine et profonde; Il est brisé, n'y touchez pas. J'ai redécouvert grace à La si chère Poésie du jeudi ce poème du premier Prix Nobel de littérature. Je crois que c'était l'un des plus connus. Mais passa le temps et plus grand monde pour lire Sully Prudhomme. Raison de plus pour lire ou dire ces quelques vers, ces brisures de vase et ces blessures de coeur. Et merci à Asphodèle dont les vélos fleuris tapissent cet écran, au rythme des saisons.
L'envie de savoir Lettres Histoire Sciences Arts Économie Société Monde Éducation / À voix lue Robert Werner lit les poètes Lecture par Robert Werner Lettres Publié le 1 mars 2018 Avec Robert WERNER Correspondant Robert Werner, correspondant de l'Académie des beaux-arts, lit cette semaine Le vase brisé, un poème de René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme (1839-1907). Référence: voi685 Télécharger l'émission (2. 42 Mo) 00:00 00:00 Cela peut vous intéresser
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Oh! qu'ils aient perdu le regard, Non, non, cela n'est pas possible! Ils se sont tournés quelque part Vers ce qu'on nomme l'invisible; Et comme les astres penchants, Nous quittent, mais au ciel demeurent, Les prunelles ont leurs couchants, Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent: Ouverts à quelque immense aurore, De l'autre côté des tombeaux Les yeux qu'on ferme voient encore. Le Vase brisé Le Vase brisé – L'enregistrement Je vous invite à écouter-lire Le Vase brisé, poème de Sully Prudhomme, du recueil Stances et Poèmes. Le Vase brisé – Le texte Le texte Le Vase brisé, de Sully Prudhomme, est tiré du recueil Stances et Poèmes. Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé; Le coup dut effleurer à peine: Aucun bruit ne l'a révélé. Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre En a fait lentement le tour. Son eau fraîche a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé; Personne encore ne s'en doute; N'y touchez pas, il est brisé.