Victor Hugo - Le poète s'en va dans les champs - YouTube
Lecture linéaire du poème de Victor HUGO, "Le poète s'en va dans les champs", tiré du Livre I des Contemplations. Le poète s'en va dans les champs; il admire. Il adore; il écoute en lui-même une lyre; Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs. Celles qui des rubis font pâlir les couleurs. Celles qui des paons même éclipseraient les queues. Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues. Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets. De petits airs penchés ou de grands airs coquets, Et, familièrement, car cela sied aux belles: – Tiens! c'est notre amoureux qui passe! disent-elles. Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix. Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois, Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables. Les saules tout ridés, les chênes vénérables, L'orme au branchage noir, de mousse appesanti. Comme les ulémas quand paraît le muphti; Lui font de grands saints et courbent jusqu'à terre Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre.
Le poète s'en va dans les champs; il admire, Il adore; il écoute en luimême une lyre; Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs, Celles qui des rubis font pâlir les couleurs, Celles qui des paons même éclipseraient les queues, Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues, Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets, De petits airs penchés ou de grands airs coquets, Et, familièrement, car cela sied aux belles: Tiens! c'est notre amoureux qui passe! disentelles. Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix, Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois, Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables, Les saules tout ridés, les chênes vénérables, L'orme au branchage noir, de mousse appesanti, Comme les ulémas quand paraît le muphti, Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre, Contemplent de son front la sereine lueur, Et murmurent tout bas: C'est lui! c'est le rêveur! Les contemplations
Mais il y a mieux: le champ sémantique des couleurs renverrait à une dimension synésthésique dans le sens ou, par exemple, la vue d'une fleur particulière pourrait renvoyer à ce qui n'est pas incluse dans cette dernière, comme l'évocation d'une musique. C'est pour cela que le champs sémantique des couleur est si présent au début du texte: nous avons la couleur écarlate du rubis et la queue multicolore du paon. Il y a un lien entre la couleur des fleurs et la couleur d'autres êtres qui ne lui sont pas directement associé. Cette symétrie marque le lien de complémentarité entre le poète et la flore. Ainsi, nous avons vu qu'il y avait une fusion entre le poète et la nature et que cette fusion se traduisait par les sens. Ce texte met en avant le lien qui unit le poète et la nature. Cette dernière, afin de souligner ce lien est certes humanisée par divers procédés, comme le fait de donner la parole à la végétation, par exemple, mais il ne faut pas oublier que ces même procédés visent à montrer une fusion ente l'homme et la nature.
Ainsi, on perçoit la difficulté de l'humanité d'entrer en communication avec une nature dont la voix n'est pas compréhensible. La comparaison des vers 16 et 17 entraine une dimension religieuse à l'arrivée du poète. Et permet ainsi de passer d'un itinéraire spatial à un itinéraire spirituel. Le poète est le muphti c'est à dire un interprète de la loi. On comprend alors que le poète apparaît comme la seule personne capable de traduire "les confuses voix" de la nature du premier mouvement, et d'en interpréter les signes. Enfin les deux derniers vers rappellent que la contemplation amène à la révélation des mystères. Le poète est ainsi reconnu comme un rêveur, seul capable de reconnaître la vérité des choses cachées comme le soulignent les propos des arbres: "c'est lui! c'est le rêveur! ". Ici le terme rêveur qui désigne le poète n'est pas à prendre dans son sens moderne mais comme la désignation de celui qui pense et qui médite comme le philosophe, amoureux de la sagesse et de la vérité.
Et enfin, il y a aussi l'utilisation du verbe courber « courbent jusqu'à terre leur têtes » ( vers 17-18) pour montrer le respect qu'à la nature pour le poète, et ce forme de respect affirme l'allusion du poète à Orphée. Uniquement disponible sur
Par • 8 Juillet 2018 • 1 743 Mots (7 Pages) • 211 Vues Page 1 sur 7... se rapportent aux fleurs, or une fleur peut être « belle », mais elle ne peut être une « belle », puisque l'adjectif utilisé comme un nom commun se rapporte à une belle femme. Au vers 13, on remarque que les arbres sont considérés comme des « vieillards », ce qui renvoie aussi à des caractéristiques spécifiquement humaines. Au vers 14, nous avons l'adjectif « ridés », qui est à mettre en lien avec nom « vieillards » qui, même s'il ne désigne pas les saules en particulier, s'applique aux arbres en général, et donc aux saules accessoirement. Victor Hugo va même pousser l'humanisation de la Nature jusqu'à désigner les parties constituant un arbre par des nom se rapportant au corps humain. Ainsi, nous avons les nom « tête » et « barbes » au vers 18, ce qui confirme encore cette volonté d'humanisation de la nature mise en avant par Victor Hugo. Nous avons vu que la nature était humanisée grâce notamment à des verbes se rapportant au mouvement, elle est aussi douée de parole et Victor Hugo applique des éléments spécifiquement humains sur une flore censée être inanimée.