Auteur: Maurice Genevoix Présentation de l'éditeur 1er août 1914: la France décrète la mobilisation générale. Le 2 août, Genevoix, brillant normalien qui n'a pas 24 ans, rejoint le 106e régiment d'infanterie comme sous-lieutenant… Neuf mois plus tard, il est grièvement blessé: c'est la fin de la guerre pour le jeune homme. Entre ce mois d'août 1914 et les trois balles qui l'atteignent en avril 1915, Genevoix aura participé à la bataille de la Marne, marché sur Verdun et, pendant quatre longs mois, défendu les Eparges. Sous le feu des obus, il aura vécu le quotidien du fantassin, la boue, le sang, la mort, mais aussi, avec ses « camarades du 106 », la solidarité et l'humanité partagée. Dès 1916 et jusqu'en 1923, Genevoix publie cinq récits de guerre, écrits dans une langue précise et humble, réunis en 1949 sous le titre Ceux de 14. C'est cette édition définitive retravaillée par l'auteur que nous donnons à lire. Plus qu'un grand classique sur 14-18, voici l'oeuvre d'un immense écrivain.
Focus sur le monument en hommage à Maurice Genevoix (1890-1980), aux Éparges. Mercredi 9 septembre "Pas de sommeil. J'ai toujours dans les oreilles la stridence des éclats d'obus coupant l'air, et dans les narines l'odeur âcre et suffocante des explosifs. Il n'est pas minuit que je reçois l'ordre de départ. J'émerge des bottes d'avoine et de seigle sous lesquelles je m'étais enfoui. Des barbes d'épis se sont glissées par nos cols et nos manches et nous piquent la peau, un peu partout. La nuit est si noire qu'on bute dans les sillons et dans les mottes de terre. On passe près des 120 qui tiraient derrière nous; j'entends les voix des artilleurs, mais je distingue à peine les lourdes pièces endormies. Distributions au passage, sans autre lumière que celle d'une lanterne de campement, qui éclaire à peine, et que pourtant on dissimule. La faible lueur jaune met des coulées brunes sur les quartiers de viande saignante, amoncelés dans l'herbe qui borde la route ". Samedi 12 septembre "J'ai retraversé le groupe des soldats, qui continuaient à se pousser pour lire.
Mobilisé dès le 2 août 1914, Maurice Genevoix sera au combat, sur le front, jusqu'à ce qu'il soit grièvement blessé le 25 avril 1915, dans les environs de la colline des Éparges. S'en suivront sept mois d'hospitalisation. À son retour à Paris, meurtri par ces heures sombres, le Normalien de 25 ans consigne ses souvenirs. Pour vous immerger dans ce quotidien oppressant et d'horreur, La Rep' a sélectionné cinq extraits du livre premier "Sous Verdun" issus de cet ouvrage mémoriel, écrit "à la mémoire des morts et au passé des survivants", et en souvenir de son "ami Robert Porchon tué aux Éparges le 20 février 1915". Mais qui était Robert Porchon, le Loirétain sur la tombe duquel Emmanuel Macron a déposé des fleurs ce mardi? Jeudi 27 août 1914 "Longue étape, molle, hésitante. Ce n'est pas à vrai dire une étape, mais la marche errante de gens qui ont perdu leur chemin. Haucourt, puis Malancourt, puis Béthincourt. La route est une rivière de boue. Chaque pas soulève une gerbe d'eau jaune. Petit à petit, la capote devient lourde.
On découvrira le personnage en train de compter puis ensuite son visage qui se crispe avec un très gros plan sur son visage. Le son s'intensifira pour suggérer le caractère obsédant de ce son. Puis une succession de gros sur le soldat puis sur l'écoulement de l'eau pour reproduire la tentative vaine de Maurice Genevoix cherchant à échapper à cet enfer. Le dernier plan pointera la montée de l'eau à l'intérieur de la tranchée. Ceci n'est qu'un exemple mais d'autres possibilités sont envisageables. Partagez
Vous décrirez et expliquerez vos choix (mouvements de caméra, cadrages, lumière, son …) en tant que réalisateur ou réalisatrice du film Cette scène pourrait commencer avec un plan d'ensemble en noir et blanc présentant le cadre; une vaste étendue baignée dans l'obscurité où se dessinent des tranchées entre deux passages brumeux. Un plan plus resserré dévoilera des masses sombres à peine perceptibles occupant les tranchées. Ces plans ne seront pas accompagnés de musique, cela reproduira le silence mais surtout traduira l'atmosphère oppressante et inquiétante que doivent endurer les soldats. Ensuite, un gros plan présentera Maurice Genevoix recroquevillé dans une tranchée sous quelques planches, fumant sa pipe. Le spectateur découvrira une pluie fine puis, l'eau ruisselant dans la tranchée, puis les gouttes glissant le long du casque, des habits du soldat. Une musique classique aux tonalités graves sera diffusée en arrière fond, toutefois le martèlement de l'eau sera toujours audible. Le plan suivant s'attardera sur le goutte à goutte de l'eau et le bruit du clapotis sera amplifié.
1). « On ne voit même pas la fumée de sa pipe » (l. 1), et le silence règne; « quand la tranchée pleine d'hommes s'enfonce dans la nuit, et se tait » (l. 3) hormis « les gouttes d'eau qui tombent » (l. 4) 2 b) Comment le texte crée-t-il un effet d'obsession? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur l'ensemble de la page. Le texte crée un effet d'obsession par l'omniprésence du thème de l'eau et du jeu de répétition. Dans un premier temps, le bruit de la pluie est une distraction, le soldat compte « Une… deux… trois… quatre… cinq…Je les compte jusqu'à mille. » (l. 5-6), puis simule des calculs « mille gouttes d'eau en dix minutes… » (l. 7-8). La chute de l'eau qui tombe crée un rythme: « les gouttes d'eau tombent, régulières » (l. 4) puis « Plus vite: deux gouttes d'eau par seconde » (l. 6-7). Ce rythme est accentué par les réptitions des termes « gouttes d'eau qui tombent » disséminées dans l'extrait. Elles miment « les petits claquements vifs » (l. 4) et font écho à celles que l'on retrouve dans un poème, sujet du second paragraphe.