Toutes, sous le ciel gris et clair, Nous chantent le même solfège; Toutes les blancheurs de la chair Y passent, radieux cortège; Les Antiopes de Corrège S'habillent de martre et de vair Au bois de Boulogne, l'Hiver. Les Animaux de Prévert. Théodore de Banville J'ai perdu le jour Dans l'exil des langueurs Un entracte chaotique Sur les leurres de ton coeur Des mystères profanés De brumes en abîmes Un baiser que je pose à la dérive Comme une ombre mise au monde Dans l'asile sourd de ton âme indécise Ephraïm Jouy La neige – le pays en est tout recouvert – Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge, Et, du fond des remous, à l'horizon désert, Par des vibrations d'azur tendre et d'or vert, Dans l'éblouissement, la pleine lune émerge. A l'Occident s'endort le radieux soleil, Dans l'espace allumant les derniers feux qu'il darde A travers les vapeurs de son divin sommeil, Et la lune tressaille à son baiser vermeil Et, la face rougie et ronde, le regarde. Et la neige scintille, et sa blancheur de lis Se teinte sous le flux enflammé qui l'arrose.
Passent dans les champs nus les plaintes coutumières, A travers le désert des silences dolents, Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents Et s'en viennent de faim rôder près des chaumières. Mais depuis que le ciel de gris s'était couvert, Dans la ferme riait une gaieté d'hiver, On s'assemblait en rond autour du foyer rouge, Et l'amour s'éveillait, le soir, de gars à gouge, Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d'airain. Emile Verhaeren Dans un coin de ma ville sont posés 4 géants un peu comme un milieu, une île, une fontaine aux éléphants on entend carillonner souvent, alors on cherche asile pour apprécier le temps est une grande place allongée ou les gens marchent, badinent Hiver, été, le coeur léger coin qui n'existe pas encore j'aime à l'imaginer fragile et doux comme un trésor Elodie Santos, 2015 Au bois de Boulogne, l'Hiver, La terre a son manteau de neige. Mille Iris, qui tendent leur piège, Y passent comme un vif éclair.
Sa poésie, volontiers visuelle, nappée d'un halo magique, est faite pour être dite. Elle rend en un éclair et avec tendresse toute la démarche sensible, fraîche et rayonnante de l'enfance, et donne voix à la sagesse et la facétie du gamin de la rue, que rien ni personne ne dupe. Avec une délicieuse folie Jacques Prévert emploie phrases à tiroirs, jeux de mots, doubles sens, faux proverbes et sentences cocasses. La mise en scène et l'interprétation vivante des comédiens, notamment avec le travail sur le « dire » feront résonner les textes, suggérant sans montrer, gardant des zones d'ombres, pour ouvrir chaque spectateur à ses images mentales, à ses interprétations.