Plus subtile: parfois on est perdu sans le savoir, ou en étant même persuadé qu'on a la situation bien en main… et là c'est pire! Parce qu'on s'obstine. Ce que notre parabole veut nous dire, et ce que la Bible dit par ailleurs à plusieurs reprises, c'est que lorsque nous vivons sans Dieu, nous sommes perdus. Qu'on en soit conscient ou non. Ça ne veut pas dire pour autant qu'on est les pires des racailles, des voyous sans foi ni loi. On peut être des gens très bien sous tout rapport… et être perdus. Une affirmation biblique fondamentale, c'est que l'être humain a été créé à l'image de Dieu. C'est une façon de dire que nous sommes faits pour être en relation avec notre Créateur. Sans ce lien à notre Créateur, nous sommes perdus. Et le risque de se retrouver perdu, de s'égarer, de se perdre par rapport à soi-même, nous concerne tous, croyants ou non. Une des forces de la foi, c'est de se reconnaître perdu, c'est-à-dire ayant besoin de Dieu. Homélie sur la brebis perdre 10. Et cela, on peut aussi l'oublier en tant que chrétien, et vivre sa vie comme si Dieu n'était pas là, comme si, finalement, on pouvait se débrouiller tout seul.
Durant sa vie publique, Jésus a été l'objet de critiques et de médisances à cause de sa bonté envers les publicains et les pécheurs. Homélie sur la brebis perdue rose. Ces interlocuteurs dédaigneux et imbus d'une fausse justice ne font pas l'objet d'un reproche de la part de Jésus mais plutôt d'un bel enseignement sur la miséricorde divine envers les pécheurs. Pécheurs qu'il cherche, un à un, avec empressement, et qui lui font éprouver une grande joie communicative quand il les retrouve, comme le berger des cent brebis qui n'a de cesse jusqu'à ce qu'il retrouve celle qu'il a perdue; ou comme cette femme qui allume sa lampe, balaye sa maison, cherche soigneusement la pièce d'argent égarée jusqu'à ce qu'elle la trouve. De nombreux Pères de l'Église voient un recueil de l'histoire du salut dans ces paraboles. Saint Cyrille, par exemple, pense que pour le bon Dieu le nombre des brebis: cent, « concerne la multitude des créatures rationnelles qui lui sont subordonnées, puisque ce nombre, composé de dix décades, est un chiffre parfait.
Tel est le pouvoir de ces pharisiens et scribes manipulateurs: deux mille ans après, ils nous font encore croire qu'ils sont en droit de râler, que leur remarque est juste et que Jésus le premier doit leur rendre des comptes de sa conduite. Retournement de situation Mais rien n'est moins sûr. Les paraboles de Jésus retournent au contraire la situation; elles la présentent dans une lumière, une logique nouvelle. « Les publicains et les pécheurs s'approchaient tous de Jésus pour l'écouter. Parabole des vierges sages — Wikipédia. » Voilà des gens qui portent peut-être le poids de fautes, mais qui au plus profond d'eux-mêmes sont en bonne santé. Ils ont perçu qui était Jésus, ils viennent à lui, ils veulent l'entendre parce que sa parole les relève, ils ont envie de nouveauté dans leur vie, d'une nouvelle chance. C'est beau! Au contraire, les pharisiens ressassent leur agacement, leur mépris contre leurs compatriotes qu'ils appellent « les pécheurs ». Le salut qui vient, la joie qui naît: cela ne leur plaît pas du tout. Ils critiquent Jésus, mais sans lui exposer leurs griefs face à face: pas de relation.
Remarquons qu'ils s'en prennent à Jésus sans s'adresser à lui personnellement. « Cet homme accueille les pécheurs ». Non pas « pourquoi, Jésus, agis-tu ainsi », mais « cet homme agit ainsi ». Cela leur arrive souvent, et ce n'est pas bon signe de faire connaître ses reproches à tout le monde, sauf à la personne concernée. Les Évangiles nous aident à discerner ce type d'attitude et à en prendre acte. Jésus répond à ces pieux grognons par les deux paraboles: la brebis et la pièce d'argent. Presque mécaniquement, nous entendons ces deux histoires comme une explication que Jésus donnerait aux pharisiens et aux scribes. Le berger et la brebis perdue | Eglise protestante. Jésus dirait en substance: « Vous m'accusez de faire bon accueil aux pécheurs, mais ces gens-là sont perdus, égarés et moi, Jésus, je les retrouve ». Or il n'est pas certain que Jésus veuille dire cela. Si c'était le cas, cela signifierait que Jésus plaide sa cause; finalement les pharisiens auraient raison, et Jésus comparaîtrait devant eux, comme devant des juges, pour fournir des explications.
Après la parabole de la brebis égarée, il parle de la correction fraternelle (18, 15-18), puis de la prière ensemble (18, 18-20), du pardon entre frères (18, 21-22) illustré par la parabole du débiteur impitoyable (18, 23-35). Matthieu ne parle pas ici de conversion; il demande de ne laisser tomber personne. A qui s'adresse la parabole de la brebis égarée? Dans un premier temps, sans doute aux apôtres, et ensuite aux responsables des communautés chrétiennes des années 80, époque de la composition de l'évangile selon Matthieu. Qui sont ces petits? On peut penser que ce sont les plus faibles, les moins solides dans la foi au sein de la communauté, dont ces responsables devront prendre le plus grand soin et ils auront à en rendre compte. Homélie sur la brebis perdue film. Ces 'bergers" devront prendre comme modèle le Berger par excellence, Jésus lui-même prêt à donner sa vie pour ses brebis. Il réalisera ainsi la volonté du Père qui " veut qu'aucun de ces petits ne se perde. " Nous vivons dans un monde qui, trop souvent, ne donne de la valeur qu'à celui qui réussit, au gagneur, à celui qui tient la vedette, mais qui est sans pitié pour le faible, le non-rentable, l'inutile.
Jésus nous demande d'aller à la rencontre de tous, sans juger qui que ce soit, sans nous recroqueviller dans notre bercail personnel. En effet, comme l'exprimait saint Josémaria, "sur cent âmes, les cent nous intéressent", il faut "s'ouvrir en éventail pour les atteindre toutes" [5]. Se savoir pardonné, pousse à s'empresser de faire connaître à d'autres le pardon de Dieu, en incarnant l'attitude du berger de la parabole dont nous parle un Père de l'Église: "Quand il retrouve la brebis, il ne la châtie, ni ne la conduit de force au bercail, mais il la met sur ses épaules et, la portant avec clémence, il la remet dans son troupeau" [6]. Ce faisant, nous partagerons très souvent avec le bon Dieu et ses amis la joie d'une nouvelle conversion. [1] Saint Cyrille, Catena aurea, in loc. [2] Saint Grégoire, in Evang hom. 34. [3] Pape François, Audience générale, 4 mai 2016. [4] Pape François, Ex. La brebis perdue et… retrouvée ! (D’après l’évangile de Luc 15, 3-7). Ap. Evangelii Gaudium, n. 3 [5] Saint Josémaria, Sillon n. 183 y 193. [6] Saint Grégoire de Nysse, Catena aurea, in loc.