La Souris métamorphosée en fille Gravure réalisée par Benoît-Louis Prévost d'après un dessin de Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759 Auteur Jean de La Fontaine Pays France Genre Fable Éditeur Claude Barbin Lieu de parution Paris Date de parution 1678 Chronologie Le Statuaire et la Statue de Jupiter Le Fou qui vend la Sagesse modifier La Souris métamorphosée en fille est la septième fable du livre IX de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678. Texte de la fable [ modifier | modifier le code] Une Souris tomba du bec d'un Chat-huant: Je ne l'eusse pas ramassée; Mais un Bramin [ N 1] le fit; je le crois aisément; Chaque pays a sa pensée [ N 2]. La Souris était fort froissée: De cette sorte de prochain Nous nous soucions peu: mais le peuple bramin Le traite en frère; ils ont en tête Que notre âme au sortir d'un Roy Entre dans un ciron, ou dans telle autre bête Qu'il plait au sort; C'est là l'un des points de leur loi.
- En ce cas je donne, dit-elle, Ma voix au plus puissant de tous, - Soleil, s'écria lors le bramin à genoux, C'est toi qui sers notre gendre. - Non, dit-il, ce nuage épais Est plus puissant que moi, puisqu'il cache mes traits; Je vous conseille de le prendre. - Eh bien! dit le bramin au nuage volant, Es-tu né pour ma fille? – Hélas! non; car le vent Me chasse à son plaisir de contrée en contrée: Je n'entreprendrai point sur les droits de Borée. » Le bramin fâché s'écria: »O vent dont, puisque vent y a, Viens dans les bras de notre belle! » Il accourait: un mont en chemin l'arrêta. L'éteuf [5] passant à celui-là, Il le renvoie, et dit: « J'aurais une querelle Avec le rat; et l'offenser Ce serait être fou, lui qui peut me percer. » Au mot de rat, la damoiselle Ouvrit l'oreille: il fut l'époux. Un rat! un rat [6]: c'est de ces coups Qu'Amour fait; témoin telle et telle: Mais ceci soit dit entre nous. On tient toujours du lieu [7] dont on vient. Cette fable Prouve assez bien ce point; mais, à la voir de près, Quelque peu de sophisme entre parmi ses traits: Car quel époux n'est point au soleil préférable, En s'y prenant ainsi?
– Non, dit-il, ce nuage épais Est plus puissant que moi, puisqu'il cache mes traits; Je vous conseille de le prendre -Eh bien! dit le bramin au nuage volant, Es-tu né pour ma fille? – Hélas! non; car le vent Me chasse à son plaisir de contrée en contrée: Je n'entreprendrai point les droits de Borée. » Le bramin fâché s'écria: « Ô vent, donc, puisque vent y a Viens dans les bras de notre belle! » Il accourait: un mont en chemin l'arrêta. L'éteuf passant à celui-là, Il la renvoie, et dit:« J'aurais une querelle Avec le rat, et l'offenser Ce serait être fou, lui qui peut me percer. » Au mot de rat, la Damoiselle Ouvrit l'oreille: il fut l'époux. Un rat! un rat: c'est de ces coups Qu'Amour fait; témoin telles et telle: Mais ceci soit dit entre nous On tient toujours du lieu dont on vient; Cette fable Prouve assez bien ce point; mais, à la voir de près, Quelque peu de sophisme entre parmi ses traits: Car quel époux n'est point au soleil préférable, En s'y prenant ainsi? Dirai-je qu'un géant Est moins fort qu'une puce?