La Cour de cassation, aux termes de l'arrêt susvisé, avait été saisie par un patient, victime d'une hémiplégie à la suite d'une artériographie, qui avait sollicité à la fois l'indemnisation du préjudice de perte de chance et du préjudice d'impréparation du fait du défaut d'information du médecin. Les praticiens avaient formé un pourvoi en cassation, reprochant à la la Cour d'appel d'avoir violé le principe de réparation intégrale en indemnisant le patient deux fois pour un même préjudice, la première au titre de de perte de chance et la seconde au titre du préjudice d'impréparation. La Cour de cassation balaie d'un revers de manche cette argumentation en indiquant que le non-respect, par un professionnel de santé, de son devoir d'information cause à celui auquel l'information était due, lorsque ce risque se réalise, un préjudice moral résultant d'un défaut de préparation aux conséquences d'un tel risque, qui, dès lors qu'il est invoqué, doit être réparé; qu'il en résulte que la cour d'appel a retenu, à bon droit et sans méconnaître le principe de réparation intégrale, que ces préjudices distincts étaient caractérisés et pouvaient être, l'un et l'autre, indemnisés.
Le 16 juin 2016 (1), le Conseil d'Etat (CE) consolide sa jurisprudence relative au préjudice d'impréparation dont la souffrance morale est présumée. Le préjudice d'impréparation résultant du défaut d'information Une obligation légale d'information pèse sur les médecins. En effet, l'article L. 1111-2 du Code de la santé publique précise que « toute personne a le droit d'être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu'ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus ». Par cette décision du 16 juin 2016, le CE affirme une nouvelle fois que le défaut d'information d'un médecin envers son patient ne relève pas de la perte de chance mais du préjudice d'impréparation. Le 4 décembre 2008, une coloscopie avec mucosectomie est réalisée à l'Hôtel-Dieu de Lyon sur un patient en raison de la découverte d'un polype du colon transverse avec dysplasie sévère.
La Cour de cassation confirme la décision des juges d'appel estimant qu'elle n'a pas méconnu le principe de réparation intégrale. Elle juge que la perte de chance d'éviter la réalisation du dommage résultant du non respect de l'obligation d'information des risques que comporte la réalisation d'un acte de prévention, de diagnostic ou de soin auquel est soumis le praticien est un préjudice distinct du préjudice moral d'impréparation aux conséquences d'un tel risque. Dès lors, lorsque ces préjudices sont caractérisés, ils peuvent être l'un et l'autre réparés. Cass. civ. 1ère, 25 janvier 2017, n° 15-27. 898 (publié)
La part du dommage corporel non réparée par les praticiens est mise à la charge de l'ONIAM.