par · Publié 2014-04-07 · Mis à jour 2016-09-07 Preuve pénale. La Chambre criminelle juge de manière constante qu'aucune disposition légale ne permet aux juges répressifs d'écarter les moyens de preuve produits par les parties au seul motif qu'ils auraient été obtenus de façon illicite ou déloyale. Il leur appartient seulement, en application de l'article 427 du Code de procédure pénale, d'en apprécier la valeur probante après les avoir soumis à la discussion contradictoire. Ainsi ont été admis: la pratique du « testing » pour les discriminations appliquées à l'entrée de certaines discothèques (1); les écoutes téléphoniques policières (2); les enregistrements de conversations privées réalisés à l'insu des personnes concernées (3).
Cette jurisprudence de la cour suprême est confortée par la Cour de cassation française qui a établi qu'aucune disposition légale ne permet au juge pénal d'écarter les moyens de preuve produits par les parties au motif qu'ils auraient été obtenus de façon illicite ou déloyale. Par un arrêt du 31 janvier 2012, la Chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé que « les enregistrements audio obtenus à l'insu d'une personne sont recevables en justice en tant que preuve afin de porter plainte contre cette personne au titre d'infractions pénales dont elle se serait rendue coupable et sans que le droit au respect de la vie privée ni même la violation du secret professionnel puisse valablement constituer une limite ». L'acceptation jurisprudentielle du principe de la liberté de la preuve en matière pénale est énoncée dans le code de procédure pénale (Au Sénégal, il s'agit de l'article 414 et en France de l'article 427). La liberté de la preuve repose sur l'admissibilité de tous les moyens de preuve et l'absence de hiérarchie entre ces moyens et la liberté d'appréciation du juge.
Résumé du document Selon l'article 427 du Code de procédure pénale, les infractions peuvent être établies par tous modes de preuve, hors les cas où la loi en dispose autrement. Mais ce principe de la liberté de la preuve doit être concilié avec le principe de la loyauté de la preuve, dont la méconnaissance entraîne violation du droit à un procès équitable, consacré par l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme. Ainsi, la jurisprudence de la Cour de cassation prohibe toute manœuvre de nature à inciter la personne visée à commettre une infraction qu'elle n'aurait pas commise en dehors de ce stratagème. Sommaire Une notion jurisprudentielle L'importance du rôle joué par l'autorité publique dans la commission de l'infraction Extraits [... ] Une notion jurisprudentielle C'est donc la jurisprudence de la chambre criminelle de la Cour de cassation, parfois aidée par la Cour européenne des droits de l'homme, qui a permis de préciser les différents contours du principe de loyauté de la preuve.
La preuve des faits civils n'est pas laissée à l'intime conviction du juge, elle doit être rapportée selon les modes de preuve du droit civil afin d'éviter que l'utilisation de la voie répressive ne soit un moyen de tourner les règles légales relatives à la preuve des obligations. [... ] [... ] Les parties peuvent faire appel à n'importe quel moyen de preuve, sans qu'il y ait de hiérarchie entre eux. Par ce principe de la liberté de la preuve, le législateur signifie aux policiers, au magistrat de la poursuite, de l'instruction ou du jugement, comme à la partie poursuivie, que sont admissibles tous les modes de preuve, c'est-à-dire tous les moyens employés pour faire la preuve: preuve littérale, indices, pièces à conviction, cassettes comportant un enregistrement d'une conversation etc. Ce principe s'applique aussi bien à la preuve des infractions qu'aux moyens de défense. ] Paradoxalement le code de procédure pénale ne contient pas de disposition générale sur ce point. C'est la jurisprudence qui a forgé des principes généraux sur la base d'une disposition, l'article 427 de façon à garantir une bonne administration de la preuve.
Il est dit que le juge apprécie la force probante de chacun de ces moyens sans qu'il ne soit lié par une quelconque hiérarchie imposée par la loi. Le choix français des moyens de preuve Le choix français s'est porté sur la liberté de la preuve au regard des crimes et des délits dont la consécration est retrouvée à l'article 353 du Code de procédure pénale ainsi que de cet article 427 du même Code. C'est ainsi que les infractions peuvent être « établies par tout moyen de preuve ». Cependant, la preuve de cette infraction doit être loyale et respectueuse des droits d'autrui. La liberté n'est donc pas absolue, mais doit respecter certaines caractéristiques, certains garde-fous. À nouveau, il est nécessaire de différencier la preuve lorsque celle-ci est rapportée par une personne publique et par une personne privée, cette dernière ne devant pas respecter les mêmes prescriptions que la première. La preuve au sens de l'article 427 du CPP Au regard de cet article 427 du CPP, la Chambre criminelle de la Cour de cassation a considéré qu'il appartient aux parties privées d'apprécier la valeur probante des moyens qu'elles invoquent (15 juin 1993).
Les Chambres civiles, sociales et commerciales de la Cour de cassation imposent la loyauté dans la confection de la preuve des faits essentiellement pour garantir le respect de la vie privée des parties. Ainsi, il n'est pas possible d'établir l'adultère ou la faute professionnelle à partir d'enregistrements volés ou d'une caméra de vidéosurveillance clandestine. La portée probatoire des courriers électroniques reçus sur la messagerie professionnelle d'un salarié a été réduite mais la Chambre sociale s'est montrée plus souple pour les SMS et messages vocaux « adressés » par le salarié. L'enregistrement d'une conversation téléphonique privée, effectué et conservé à l'insu de l'auteur des propos incriminés, a été considéré comme un procédé déloyal. Position de l'Assemblée Plénière de la Cour de cassation. L'assemblée plénière s'est prononcé aux termes d'un arrêt du 7 janvier 2011. Des dirigeants de Philips et Sony avaient été mis en cause devant l'Autorité de la concurrence dans une affaire d'entente illicite qu'ils avaient reconnue dans une conversation téléphonique privée.
(Cass. crim., 27 février 1996, n° 95-81. 366). La participation active et passive Le système de la provocation se trouve complexifier lorsque les policiers ne sont pas eux-mêmes à l'origine de l'incitation, mais qu'ils ont eu recours à l'intervention d'une personne privée, le plus souvent la victime, pour parvenir à constater l'infraction. La jurisprudence a admis la loyauté du procédé tant que les policiers se contentaient d'une attitude passive (écoutes et enregistrements de la conversation échangée entre le corrupteur et la victime; (Cass. crim., 22 avril 1992, n° 90-85. 125). A contrario, si le policier se substitue à la personne privée dans les négociations, la participation devient active et surtout illégale (Cass. crim., 11 juillet 2017, n° 17-80. 313). Le détournement de procédure Il s'agit pour les policiers de rester dans la légalité des actes prévus dans le code de procédure pénale, tout en les détournant à leur avantage. Le stratagème policier Lors du procès de la « sextape » du footballeur, Mathieu Valbuena, la Chambre criminelle a rappelé l'interdiction du stratagème qui « par un contournement ou un détournement d'une règle de procédure, a pour objet ou pour effet de vicier la recherche de la preuve en portant atteinte à l'un des droits essentiels ou à l'une des garanties fondamentales de la personne suspectée ou poursuivie » (Cass.