Ce tableau est composé de plusieurs anneaux colorés imbriqués les uns dans les autres représentant le mouvement des hélices de l'avion que l'on distingue au centre. Ces anneaux donnent également une dimension plus aérienne, celle du ciel dont l'immensité est soulignée par un élément caractéristique dans la série des « Rythmes » de Robert Delaunay: celui du rythme sans fin. Ce rythme se définit par une succession de cercles alignés selon une diagonale qui scinde chaque cercle en deux couleurs différentes. Robert Delaunay, Rythmes sans fin, 1934, Collection d'art moderne du Centre Pompidou, Paris, France. Ce motif est élaboré au début des années 30 avec un premier tableau intitulé Rythmes sans fin. Se dessine une succession de cercles soulignée par une courbe sinueuse constituant une véritable colonne architecturée; il ajoute ensuite une gamme chromatique et des contrastes qui créent une alternance visuelle au caractère contrapuntique, c'est-à-dire que l'on distingue deux thèmes picturaux différents qui s'expriment de manière simultanée.
Présentation Angela Lampe Robert Delaunay. Rythmes sans fin De l'œuvre de Robert Delaunay, pionnier des mouvements abstraits, on connaît surtout la production d'avant-guerre, marquée par l'invention de l'orphique, une tendance du cubisme dédiée à une forme de «langage lumineux». Cet ouvrage propose un nouveau regard sur la seconde période moins connue du maître de «la peinture pure». Les années 1930 voient en effet Robert Delaunay s'émanciper du cadre de la toile pour réaliser des œuvres murales et investir l'espace architectural comme avec ses reliefs et mosaïques ou encore ses décors des deux spectaculaires Palais de l'air et des chemins de fer conçus avec Félix Aublet pour l'Exposition internationale de 1937. Les reproductions d'œuvres sont ponctuées de nombreuses photographies documentaires, et des anthologies critiques et écrits de l'artiste — dont certains inédits —, viennent appuyer le propos des différents essais. Le dynamisme qui anime alors la création de Robert Delaunay est ici mis en évidence: formes et couleurs se tissent et se répondent dans des «rythmes sans fin» Le dernier chapitre, loin de couper ce mouvement, ouvre une réflexion sur la postérité de l'artiste et les échos que trouve son œuvre chez les artistes contemporains.
Sonia (1885-1979) et Robert Delaunay (1885-1941) forment un couple de peintres fusionnel. Ils se présentent également chacun de leur côté en tant qu'artistes complets, souhaitant dépasser le simple support de la toile pour s'exprimer tant en tapisserie, en architecture ou encore dans la mode. Leur art se complète et tous deux ont cherché à exprimer pleinement la peinture dans une conception artistique, philosophique et théorique: celle du simultanisme. Cette conception de l'art est essentiellement tournée vers l'expression des couleurs, possédant une existence et un langage propre, comme l'explique Sonia Delaunay dans ses mémoires Nous irons jusqu'au soleil (p. 169): « La vraie peinture nouvelle commencera quand on comprendra que la couleur a une vie propre, que les infinies combinaisons de la couleur ont leur poésie et leur langage poétique beaucoup plus expressifs que par les moyens anciens. C'est un langage mystérieux en rapport avec des vibrations, la vie même de la couleur. Dans ce domaine il y a de nouvelles possibilités à l'infini.