La Fontaine Certain fou poursuivait à coups de pierre un sage. Le sage se retourne et lui dit: " Mon ami, C'est fort bien fait à toi, reçois cet écu-ci: Tu fatigues assez pour gagner davantage. Toute peine, dit-on, est digne de loyer. Vois cet homme qui passe, il a de quoi payer; Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire. Les fables de La Fontaine : Le Fou et le Sage.. " Amorcé par le gain, notre fou s'en va faire Même insulte à l'autre bourgeois. On ne le paya pas en argent cette fois. Maint estafier accourt: on vous happe notre homme, On vous l'échine, on vous l'assomme. Auprès des rois il est de pareils fous: A vos dépens ils font rire le maître. Pour réprimer leur babil, irez-vous Les maltraiter? Vous n'êtes pas peut-être Assez puissant. Il faut les engager A s'adresser à qui peut se venger.
Ce sont les seules paroles que le lecteur « entend », ce sont donc les plus efficaces. Cependant le discours du sage valorise le discours silencieux et incompréhensible du fou qualifié de « hiéroglyphes » même s'il s'agit tout de même d'un langage. L'ambiguïté du sens de la fable. La fable est composée de deux strophes distinctes. Un fou et un sage explication sur. La première est marquée par la complicité entre moraliste et lecteur qui se voit grâce à l'énonciation « je » au vers 2, « tu » aux vers 1 et 2. Cette morale proche du discours préfaciel précède le récit qui occupe la deuxième strophe. Malgré cette structure inhabituelle, l'unité est préservée grâce aux rimes croisées qui unissent les deux strophes, « toujours » « carrefour » « ridicules » « crédules » Cette structure circulaire se retrouve à la fin du texte avec la reprise du titre vers 31, avec la réécriture du vers 1 aux vers 27 et 29, et avec les anaphores des mots « mettre » vers 1 et « mettront » vers 28. La notion d'ambivalence se retrouve ici dans la structure même du texte et on peut se demander quel rapport le fabuliste établit au sein de cette structure entre sagesse et folie.
Le fou est fou car sa proposition est absurde. La sagesse n'est pas un bien matériel. On voit donc ici que le premier sens du mot « fou » renvoie à la maladie mentale. Cependant, le champs lexical de l'achat rend cette identification du personnage du fou est beaucoup plus problématique puisqu'on a « vend » au titre mais également « achat » au vers 12, choses qui s'appliquent aux « mortels », c'est à dire à ceux qui devraient être sains d'esprit. Certes le fou est fou mais il est également celui qui révèle la folie des autres hommes. Il est donc dès lors possesseur d'une forme de sagesse. Incarnation de l'ambivalence sagesse/folie à travers les personnages de la fable. La Fontaine met en scène ses idées en les incarnant dans des personnages de comédie. On a en effet une structure qui ressemble à une comédie en deux actes. Un fou et un sage explication de vote. * acte 1: le dupe et le fou * acte 2: le dupe et le sage Le sage est celui qui maîtrise le mieux la parole puisque le dupe est muet. Le fou parle grâce au discours indirect vers 8 et 9 alors que le sage parle au discours direct au vers 6.