Agé de 21 ans, il était étudiant. « Je souffrais de cette frustration. Je devenais fou. J'avais besoin d'un contact physique avec une femme. De sentir son odeur. Qu'elle me serre dans ses bras... J'ai découvert que ce monde n'avait rien de sordide et que beaucoup d'hommes autour de moi étaient aussi des clients. » Depuis, Gilles n'a quasiment jamais eu de relations sexuelles en dehors des prostituées. Au point de tomber amoureux de l'une d'elles, qui n'a pas donné suite. « Je suis un grand sentimental. Je trouve qu'il y a beaucoup plus de romantisme chez les prostituées que chez les autres femmes qui sont parfois si vénales que ça me dégoûte. Rue Saint-Denis, j'y vais parfois juste pour parler, ou pour leur dire bonjour, sans monter. Beaucoup sont devenues des amies. Une pipe dans la rue edith piaf youtube full. » Parce qu'il traverse une passe financière difficile, Gilles a limité ses visites. « En moyenne, j'y allais deux fois par mois. Mais si j'avais les moyens, j'irais tous les jours. »
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Ce couple de 45 ans vient une à deux fois par semaine au club et sollicite Sébastien. De temps en temps, ils se retrouvent à trois chez eux, à quelques stations de métro. Se sentent-ils visés par la pénalisation des clients? « Absolument pas. On aime coucher avec lui. Nous ne sommes pas clients de prostitués, mais clients de ce lieu. C'est un commerce légal, ouvert. Et il vient boire un verre à la maison à l'occasion ». Mais il y a bien négoce de sexe et d'argent, non? « C'est juste un petit arrangement entre nous. Une pipe dans la rue sur la rue. On se fait plaisir ». Est-ce qu'ils ont recours à d'autres prostitués, dans la rue par exemple? « Non, c'est trop dangereux. Les tapins ont mauvaise mine, et puis ça n'est pas la pipe dans les bois ou sur un coin de toilettes qu'on recherche. » Dans la rue, les hommes sortent des clubs d'un pas pressé. Interrogés au débotté sur les raisons de leurs venues, les trois hommes qui veulent bien me parler répondent en passant rapidement « pourquoi pas? » à mon « pourquoi? ». La suite après la publicité « Les passes, ce sont les habitués » Je retrouve Sandra dans un café du boulevard de Clichy.
IL Y AVAIT ces silhouettes, croisées sur les trottoirs du XII e arrondissement alors qu'il allait au lycée. Julien était adolescent. La première fois, il avait 16 ans. « C'était 100 francs la pipe, ça c'est passé dans les sanisettes du cours de Vincennes. » Il se souvient ensuite de cette prostituée « en camionnette » du bois voisin. « J'ai dû y aller cinq ou six fois en un an. Elle avait la quarantaine, un côté maternel que je recherchais sans doute. Tout un petit rituel et une jolie déco. Il n'y avait rien de glauque. On discutait de ce qu'on avait fait dans la semaine, elle parlait de ses enfants. C'était sincère. » Depuis, Julien a continué de temps à autre. Rue Saint-Denis, dans les salons de massage du IX e ou plus récemment à Bruxelles. Dans sa quête « d'expériences psychédéliques et joyeuses », il place sur le même plan quelques séances d'échangisme et tournages pornos amateurs. « J'ai eu des copines, parfois durant plusieurs années. Nadine Morano filmée en plein ébat sexuel dans un camion de pompier à Paris. J'ai toujours dissocié complètement les deux.
Il s'était séparé de sa copine quelque temps auparavant. « Je suis passé en voiture une première fois devant des prostituées africaines », dit-il. Toutes ces filles, il les avait déjà vues de son appartement qui offre une vue imprenable sur la vie nocturne agitée de Paris. Cette fois-là, Paul a voulu pousser la curiosité un peu plus loin. Après être passé une première fois devant quelques filles, le jeune cadre se lance: « L'alcool m'avait désinhibé. Je ne raisonnais plus ». Sa voiture ralentit devant un feu qui hésite à passer au rouge. Une prostituée frappe à la vitre. Direction un parking situé un peu plus loin. Un peu maladroit, le client novice tente d'établir un contact. « J'ai essayé de lui parler. Elle ne comprenait pas ce que je disais. Une pipe dans la rue song. J'ai laissé tomber. On était pas là pour ça », se souvient Paul. Le rapport sexuel se déroule de manière mécanique loin des plaisirs fantasmés. « C'était vraiment malsain. J'avais un sentiment de dégoût. En fait je ne concevais pas le sexe sans sentiment », analyse-t-il.
"Et suivre leur recherche de 'normalité' – mais qu'est-ce que la normalité? " (Élodie Chrisment / Hans Lucas) Pour voir davantage d'images de la série "Lieux de plaisir" et découvrir les autres travaux de la photographe Élodie Chrisment, rendez-vous sur son site web. (Élodie Chrisment / Hans Lucas)