Éric Veillé Le sens de la vie et ses frères Editions Cornélius, llection Louise. Parution: Mai 2008 Non paginé, noir et blanc Saurez-vous supporter un monde où les yahourts ont remplacé les livres? Où l'on part se faire conseiller des fonds de placement en slip? Où les messieurs restent assis dans les salles d'attente en attendant que leur pantalon se défroisse? Ce monde, c'est celui que nous prépare Eric Veillé dans ces chroniques d'un autre âge, entre fable lunaire et délire surréaliste. Rangé dans un coin non loin des Glen Baxter et Pierre La Police. Dans un espace aménagé où le savoir-vivre vire sans prévenir dans le tourbillon du non-sens. Quand les situations les plus improbables viennent se nicher dans notre quotidien et renverser son confort moelleux. Mais malgré l'effondrement quasi-permanent, malgré l'échec ou les petites victoires mesquines qui peuplent ces saynètes, l'essentiel est préservé. Le personnage principal d'Éric Veillé, sorte d'autoportrait malhabile, reste placide et digne devant l'adversité.
Plongez au cœur de l'absurde © Cornélius Le dessin et l'enchaînement des scènes faussement naïves ne font qu'apporter plus de poids au message de l'auteur cherchant à dénoncer de façon la plus déjantée possible les imperfections de notre monde. En lisant Le Sens de la vie et ses frères, on rit beaucoup, on s'interroge un peu et surtout, on oublie, le temps de cette lecture salutaire, à quel point nous vivons dans un monde marchant sur la tête, ressemblant pourtant en certains points à celui dépeint par Éric Veillé! Article publié dans le Mag ZOO N°82 Juillet-Août 2021 Pour aller plus loin Haut de page
Ses films de jeunesse à la subtilité d'écriture et à la finesse d'interprétation manifestes, semblent désormais bien loin. Un film culte! Alice (Marion Cotillard) est une comédienne reconnue et adorée de ses fans. Son frère, Louis (Melvil Poupaud), est un ancien professeur et poète ayant renoncé à la gloire intellectuelle après la mort de son jeune fils. Alice hait Louis depuis leur vie de jeunes adultes. Pourquoi? Bonne question. En fait, personne ne semble le savoir. Et acteurs comme personnages semblent encore se poser la question de l'origine d'un ressentiment si étouffant. A force d'enfler, cette haine vient littéralement bouffer les personnages et finit par avaler tout cru un film sans substance. On a l'habitude maintenant, les personnages d'Arnaud Desplechin pourraient vivre d'amour et d'eau fraîche du moment que le feu du verbe et de la culture les anime. Au moins, le réalisateur a le mérite de parler de ce qu'il connait. Un peu trop peut-être. Mais ne nous en tenons pas là et laissons à Frère et sœur sa chance.
Eric Veillé est né avec une flaque sur la tête, dans une chambre avec vue sur Jésus. Cet enfant timide aime à se coincer derrière le frigo dès qu'on le laisse sans surveillance. Un jour, ses parents l'oublient sur un banc où il reste bien un quart d'heure, terrorisé par les pigeons qui viennent becqueter ses chips. Devenu adulte, il nettoie ses lunettes et découvre que les gens vivent dans des endroits. Après avoir perdu son emploi du temps en pleine forêt de Fontainebleau, il travaille dans des boulots, parle avec Giselle et se casse une jambe. Entre-temps, il publie six livres sous des noms de personnes qui n'existent pas, pour ne pas être reconnu par les moustachus qu'il a contrariés dans les supermarchés. Comme passe-temps, ce jeune homme moderne pratique l'expression corporelle en collants et collectionne les gens qui sortent du restaurant. Bricoleur émérite, il a reconstitué la galerie commerciale de Montauban dans son couloir. Quand il ne dessine pas des gens vus de dos, Eric Veillé ambitionne de fonder une ONG qui réintroduira le rire dans les Pyrénées.