En 2009 Didier Eribon était venu ici pour parler de ce Retour à Reims, passionnant témoignage personnel, mais également analyse forte et argumentée de l'abandon de la classe ouvrière par une gauche convertie après 1981 au libéralisme le plus féroce. Traduit partout dans le monde, et disponible aujourd'hui en poche, ce livre, qui raconte aussi l'histoire de notre génération, a déjà rencontré un très large écho. Le metteur en scène Thomas Ostermaier l'a porté à la scène en imaginant ce dispositif intelligent dans lequel Irène Jacob, actrice subtile, prête sa voix et son questionnement à l'élaboration d'un film traversé par les archives de notre histoire récente. Didier Eribon et Irène Jacob sont les invités de L'Humeur Vagabonde Retour à Reims, à lire et à relire, est aussi à voir à Paris à l ' Espace Cardin jusqu'au 16 février, puis partout en France jusqu'à fin mai. Toutes les dates de la tournée de "Retour à Reims" sont à retrouver ICI Extraits de l'entretien avec Didier Eribon Dans mon milieu social, bien travailler à l'école, c'était contrevenir à la virilité, c'était pour les filles et les PD... Didier eribon retour à reims analyse un. et comme je devenais ce qu'il ne fallait pas être, j'ai surinvesti l'adhésion au système scolaire, à la culture, lire marguerite Duras à 16 ans c'était une façon de devenir un jeune gay sans l'affirmer.
Plutôt que la convergence des luttes, l'auteur de Retour à Reims préfère parler de « multiplicité des luttes » (p. 52). Cela permet d'éviter qu'une lutte prenne le pas sur les autres, comme c'est souvent le cas. Pour Didier Eribon, l'enjeu est d'arriver à penser la place centrale des mouvements sociaux dans la vie politique (ce qui ne veut pas dire qu'il faut ignorer les espaces plus institutionnalisés du champ politique) et, ainsi, de renouer avec une pensée politique en termes de conflit. Didier eribon retour à reims analyse technique. 4 Dans ces entretiens, Didier Eribon insiste sur la rupture entre lui - un intellectuel qui a connu une trajectoire sociale ascendante - et sa famille, qui est composée de membres des classes populaires. L'auteur revient ainsi sur la réception de Retour à Reims par sa mère et ses frères. Cet ouvrage a en effet créé une incompréhension supplémentaire entre l'auteur et sa famille. Ses frères ont pris les analyses du système scolaire qui y sont proposées comme une mise en accusation, alors que cette analyse (bourdieusienne) avait pour but de montrer la quasi-inexorabilité des « lois » du système scolaire.
Amorcé à la mort du père, avec lequel Didier Éribon n'entretenait plus aucun contact, né des photos que lui a montrées sa mère lorsqu'il est revenu la voir, le texte revient sur l'itinéraire de l'auteur d' Une morale du minoritaire et sur la façon dont il a quitté le milieu ouvrier dont il était issu; il retrace pas à pas son ascension sociale tout en topographiant la famille et la classe qui furent les siennes. Il décrypte ainsi dans le même temps le système scolaire, dont il fut un « miraculé »; les usages, traditions, façons de penser et de se penser des ouvriers, ici incarnés par les mots et les destins des membres de sa famille; le fonctionnement d'un système qui pour être démocratique n'en est pas moins inégalitaire. Retour à Reims - la critique du livre. Sa remontée aux sources lui permet aussi de passer en revue quelque quarante ans de l'histoire de la gauche, en particulier les raisons profondes de la désaffection d'un électorat autrefois acquis à sa cause, et aujourd'hui prêt à voter Front national... Retour à Reims articule ainsi les théories de Didier Éribon sur l'oppression sociale et l'oppression sexuelle, et plaide pour une prise en compte globale de toutes les formes de domination, qu'elles soient liées aux pratiques sexuelles, à la classe ou à la race.