Avis sur le MONOLOGUE extrait LA FEMME ROMPUE au THÉÂTRE HEBERTOT. Quand Josiane Balasko, seule sur scène, dirigée par Hélène Fillières, dit les mots de Simone de Beauvoir… Présentation: « Josiane Balasko défend le « personnage ». Elle le fait avec une intériorité, une profondeur qui traduisent son discernement, son empathie pour cette Murielle dont elle fait une haute figure tragique. » La parole donnée à une femme qui, anéantie et déchirée, se venge par le monologue. Elle laisse jaillir sa rage, la douleur des souvenirs et son lot de culpabilité qui remontent à la surface. Seule, un soir de réveillon, alors que tous les autres jouissent aveuglément de leur confort affectif et social, et que l'habitude de se taire n'est plus possible, elle peut enfin crier et s'opposer à cette violente idée du bonheur que nous impose le monde. Cette femme, c'est Josiane Balasko, » cette petite bonne femme, franche, intrépide, intègre » comme dit Beauvoir. Une actrice rugueuse qui ne minaude pas pour séduire ni pour attirer la compassion.
Seule Fanny Ardant avait réussi ce tour de force dans l'enthousiasmant Croque-Monsieur. Catherine Jacob s'y était cassée les dents, et on ne reparlera pas de Anne Parillaud, on tient à rester polis. C'est d'autant plus compliqué de tenir la scène durant une heure avec, pour seul compagnon, un matelas orange. Le seul point d'accroche du public est le texte et la comédienne qui l'interprète. On tend l'oreille, on est attentifs et en tension. Elle nous narre son histoire par petites touches, des pièces d'un puzzle qui se rassemblent peu à peu pour former la vie compliquée d'une femme. On la trouve d'abord énervante puis elle devient touchante. Josiane Balasko navigue à merveille sur la gamme des sentiments. Elle paraît transcendée par le personnage et ne le quitte que pour les saluts, la mine éreintée de celle qui a beaucoup donné. Cependant, la pièce souffre d'un rythme lent, héritage de son statut de texte littéraire et non théâtral. On peut y trouver une certaine monotonie heureusement compensée par le talent de Josiane Balasko.
La Femme Rompue, d'après Monologue extrait de La Femme Rompue de Simone de Beauvoir, mise en scène Hélène Fillières, avec Josiane Balasko, du 7 au 31 décembre au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 (bis), bd de La Chapelle, 75010 Paris. Durée: 1h10. Informations et réservations: Du même auteur... [Théâtre] Avignon/IN: Grensgeval, la crise des réfugiés sous des flots d'images et de mots - July 21st, 2017 [Théâtre] Avignon/IN: L'Antigone japonaise de Satoshi Miyagi - July 8th, 2017 [Théâtre] Une Mouette qui nous prend au vol et s'abat sur nous - March 20th, 2017 [Opéra] Billy Budd au Teatro Real, éclatante plongée dans les abîmes du mâle - February 22nd, 2017 [Théâtre] Juste la fin du monde au Théâtre de Verre - December 29th, 2016
Le point commun de ces trois nouvelles est les femmes, toutes en pleine crise existentielle. Dans Monologue, l'héroïne, Murielle, est en colère contre la société et est par ailleurs déçue d'avoir perdu les liens avec sa famille. Josiane Balsako: une artiste investie C'est Josiane Balasko qui interprète le texte de La femme rompue. A la fois actrice, réalisatrice mais aussi scénariste, romancière... sa carrière n'est plus à présenter! Le grand public l'a connue grâce à la troupe du Splendid qui lui a permis de jouer de nombreux rôles dans des comédies. Depuis, Josiane Balasko, deux fois césarisée, a su se diversifier professionnellement tout en s'impliquant dans des actions humanitaires. Avec un tel parcours, j'étais impatiente de la découvrir dans un registre très différent qu'est La femme rompu e. Emplacement 187 et 189 Après avoir retiré mes places, je me suis laissée guider par l'ouvreuse. C'est ainsi que j'ai trouvé place avec ma fille au rez-de-chaussée à une douzaine de rangs de la scène en Catégorie 1 Or numéro 187 et 189.
Le pari est téméraire, car on voudrait bien, par empathie pour celle qui a perdu son enfant et souffre d'être abandonnée par les siens, essayer de trouver des excuses à Murielle. Mais le jeu de Josiane Balasko est aussi implacable que l'écriture de Simone de Beauvoir. Abandonnée sur son canapé, seule dans le pyjama informe qui se moque de cacher son corps vieillissant, perdue dans sa ratiocination vaine et son chagrin farouche, Murielle est tristement humaine. Josiane Balasko ose le montrer, et suggère, par effet de contraste, combien la vie est belle quand on n'en a pas perdu le goût! Catherine Robert