Pourquoi me suis-je mis à l'écart du travail que j'avais à faire, en Le mettant au pied du mur? Combien de fois ai-je dit à mes patients qu'ils sont capables d'aller plus loin, d'aller vers leur vérité? Dieu nous demande cela parfois. Mon cabinet de psychanalyse est mon tabernacle. Venant d'un prêtre, cela peut paraître étrange, mais à l'adoration, j'ai l'impression de me « vider ». Il ne se passe rien en moi. Aussi me suis-je autorisé à m'écouter, et à nourrir ma foi selon ce que je suis, à l'écoute de l'Esprit. Mon expérience de Dieu passe par l'homme. Lorsqu'un jeune prêtre se lève du divan et s'étonne de s'être « enfin retrouvé », le tabernacle n'est pas bien loin. Lorsqu'un paroissien venant de perdre sa femme, et se disant non croyant, agrippe ma main sur le chemin du cimetière, le tabernacle n'est pas bien loin. Jean françois noël prêtre. Il est aussi tout près lorsqu'en consultation, je vois la personne nue, vulnérable, s'ouvrir à une Présence. Ce n'est pas à moi de valider l'existence de mon patient. Mais de l'amener à Quelqu'un qui a toujours aimé cette vie-là, la sienne.
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Jean-François Noel est prêtre et psychanalyste. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages au Cerf, chez Desclée de Brouwer et chez Salvator dont Travailler à être soi (2015) et Où es-tu? Présence à soi, présence de Dieu (2017).
» J'avais été à Lourdes me baigner, je L'avais supplié pour qu'Il me guérisse ainsi que ma mère, orpheline de guerre, comme mon père... aucun résultat. Pas l'ombre d'un mieux-être, d'une souffrance pansée. Cette souffrance, mon entourage ne la voyait pas: je donnais le change et tous me trouvaient en pleine forme. Puissante apparence. Jean-François Noel : Mon curé est psychanalyste. La douleur sourde, profonde, persistait. Mes rencontres avec des pères spirituels manquaient d'une écoute pleine et sans jugement. Une écoute autoritaire aussi, résistant à ma nature de séducteur. Le sacerdoce n'avait rien changé dans ma vie et le quotidien à Aix-en-Provence dans la fraternité monastique diocésaine à laquelle j'appartiens était rude. Très réceptif, perméable et sensible de nature, j'étais trop atteint par les angoisses et les tristesses des autres. Je subissais tout. Cette crise m'offrit l'occasion de réfléchir à ma vie, mon passé, ma famille, ma sexualité. Alors, à 35 ans, en secret, je me suis lancé dans une analyse, financée par une tante bienveillante.