Au début il y a la parole du père. Celle qu'on écoute, qu'on croit, qu'on n'ose interrompre. Il y a le silence que la parole impose. Puis vient la parole du fils face à la mère, face à celle qui ne dit rien. Une parole emplie d'affirmation, un torrent de mots. Comme disait mon père francais. Au final, il y a ce père qui a tout dit et cette mère qui s'est tue. Comme disait mon père... Le comble de l'élégance' c'est de prévoir les moments où l'on n'en aura plus. Comme disait mon père... Dans ton désert' il n'y aura que le vent pour gémir et que du sable pour l'entendre. Jean Lambert-wild La note du metteur en scène « Là où la montagne dépasse du mot qui la désigne se trouve un poète » disait Odysseus Elytis. Lorsque j'ai lu, debout dans une librairie Comme disait mon père… Ma mère ne disait rien j'ai entendu les voix de notre enfance qui tout au long de notre vie résonneront à jamais. J'ai pleuré et j'ai ri, car je ressens comme Jean Lambert-wild l'écrit, que « le théâtre est cette ligne de vie qui nous donne la force de transporter en riant, notre cargaison de misère, de souffrance et de mort.
La comédienne entrant peu à peu dans une transe salvatrice réussit une performance magistrale qui tient captivé durant toute sa prestation. Un jeu millimétré orchestré avec maestria par Michel Bruzat qui signe une nouvelle fois un spectacle qui fera date et parle de l'humain aux humains. " Comme disait mon père / Ma mère ne disait rien " est un remarquable travail qu'on peut voir et revoir tant il recèle de trésors. Un authentique bijou théâtral.
Texte de Jean Lambert-Wild (Editions Les solitaires intempestifs) Du 5 au dimanche 17 Décembre 2017 à 20h30/Dimanche 10 et 17 à 18h. Théâtre de la Passerelle En Coréalisation avec le Théâtre de l'Union-Centre Dramatique National du Limousin Mise en scène Michel Bruzat, Avec la complicité de la comédienne Nathalie Royer, le metteur en scène Michel Bruzat, directeur du Théâtre de la Passerelle, nous fait entendre la langue de Jean lamert-Wild telle un chant puisé aux confins de notre enfance et qui résonne tout au long de notre vie. Comme disait mon père film. Dans Comme disait mon père quelqu'un prend la parole et lance « comme disait mon père.. »: les phrases qu'il cite sont celles de son père, elles ne cessent alors de rouler les unes derrière les autres, comme dévalant la rampe des générations. Dans Ma mère ne disait rien, la voix du fils, face à sa mère, sous tend cette affirmation lancinante que le silence est aussi prompt à envoûter que le torrent des mots.
Le décor est une pente construite avec des cubes en ardoise ou Natalie Royer écrit par moment les chapitres des deux pièces pour marquer l'importance de la communication entre parents et enfants. C'est une pièce où le verbe et la verve ont leurs importances, pour faire écho au travail de mémoire de l'auteur. L'intime est soi-disant le leitmotiv de ce spectacle, je pencherais plus pour la confession. Pour ce moment, cette fraction de seconde, où on a peur de ce qui va nous arriver derrière. C'est une pièce qui fait forcément référence à ce que l'on peut vivre soit pendant les grandes démonstrations de nos parents soit sur les moments confidences avec eux. Comme disait mon père ; ma mère ne disait rien - Jean Lambert-Wild. Ce n'est pas une pièce qui marque par sa mise en scène mais plutôt par le texte et l'interprétation de Natalie Royer.
2016: Éditions Richard III - Loyaulté me lie, suivi d'un essai de Raymond Geuss: Richard III, déchirement tragique et rêve de perfection. aux éditions Les Solitaires Intempestifs Discours d'Alexandrie, Revue Frictions n°26 - Printemps 2016 La force atomique du fait divers, Revue Frictions n°27 - Hiver 2016