Persuadé que la langue est plus que le sang, il suit les émissions de radio et épluche les journaux, faire-parts de décès, brochures et communiqués militaires, ne rate pas un discours, écoute les conversations et note, note, note encore tous les signes de la novlangue nazie: émigré, camp de concentration, organiser, organisation… « »Expédition punitive » » est le tout premier mot qu'il ait ressenti comme exprèssément nazi. Image marre de la pluie et des nuages. Il fut suivi par « »cérémonie officielle » » ( Staatsakt), « »coventriser » » (coventrieren, c'est à dire raser une ville comme à Coventry), le glissement de « »suite de domestiques » » à « »personnel d'une entreprise » » ( Gefolgschaft) et tant d'autres, finement analysés, à l'image des prénoms chrétiens alors mal vus, ou de « » aufziehen » » (monter) qui a pris dans la bouche des nazis un sens à la fois laudatif et résolument péjoratif. A partir de 1942, on ne dit plus « »déportation » » mais « »évacuation » ». Ce que Victor Klemperer a fait clandestinement avant de le révéler au grand jour des années après, André Markowicz le fait jour après jour en ligne au creux de la guerre sémantique qui se superpose à celle des bombes.
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Depuis bientôt neuf ans qu'il tient ce blog, il avait déjà consacré nombre de chroniques au régime, sa corruption généralisée et son culte de la guerre. Toutes choses qui annonçaient la suite même s'il reconnait aujourd'hui: « C'était tellement gros que je ne l'avais pas vue ». Son arme, mise au service d'une indépendance d'esprit et une liberté de ton sans égale, c'est sa connaissance de la langue russe. Il en use avec la même vigilance pour dénoncer cette « guerre d'annihilation » que pour démonter l'idéologie panslaviste, nationaliste et judéophobe de Soljénitsyne. Il n'y a que lui pour aller débusquer l'origine du mot « russophobie » si prisé du dictateur sous la plume d'un auteur fasciste. Il n'a de cesse de stigmatiser le clan mafieux qui s'est emparé des rouages de l'État à la fin de l'autre siècle. Celui-ci représente selon lui « le point le plus abject de déchéance de l'histoire russe ». Pluie Humour Photos et images de collection - Getty Images. Mais n'allez pas croire qu'il se contente d'accuser: il livre régulièrement à ses lecteurs des informations, des détails, des choses vues glanées par les réseaux de terrain qu'il consulte en permanence, l'agence de presse officielle russe RIA-Novosti, la télévision officielle où les Ukrainiens et leurs alliés ne sont même plus traités de « nazis » mais de nazikis (nazillons) assez pervers pour mettre en scène leur propre bombardement de leur propre population (!