Enfin, Juste la fin du monde s'inscrit dans le tragique par les tensions qui se trouvent entre Antoine et Louis. Effectivement, les tensions fraternelles sont des caractéristiques typiques d'une tragédie. C'est ce qui se trouve dans cette pièce de théâtre avec la rivalité qu'Antoine s'inflige envers son frère. Il n'a jamais cessé d'éprouver un complexe d'infériorité envers Louis et même avant son départ. Il porte une rancœur envers son frère qui ne trompe pas le lecteur. Antoine est l'opposé de Louis, Antoine est ouvrier qui est toujours resté au même endroit et Louis écrivain qui a beaucoup voyagé. De plus, face à la longue absence de l'aîné, il a cru, à la mort du père, devoir assumer les responsabilités de la famille. C'est ce qui explique l'agressivité d'Antoine envers sa sœur et sa mère. Le retour de Louis fait donc remonter les traumatismes d'Antoine. Il réveille d'abord le complexe d'infériorité qu'il ressent devant la réussite de son frère, sa peur de ne pas être à la hauteur face à lui: « Tout n'est pas exceptionnel dans ta vie »; « dans ta petite vie ».
« Faire le voyage pour annoncer ma mort. L'annoncer moi-même et paraître pouvoir me donner et donner aux autres l'illusion d'être, jusqu'à cette extrémité, mon propre maître ». Les premiers mots de Louis résonnent alors qu'il est sur la route qui le mène à sa famille. En fond de cette première scène, la chanson de Camille, Home is where it hurts. Titre révélateur qui annonce un long et lourd dimanche de retrouvailles. Après 12 ans d'absence, Louis, dramaturge de 34 ans, atteint du sida, retourne chez les siens pour annoncer sa mort prochaine. A travers ce retour dans le passé, c'est l'histoire d'un drame familial qui nous est conté, l'éclosion d'un secret qui n'est jamais dévoilé. Retrouvailles désenchantées, Juste la fin du monde de Xavier Dolan, adapté de la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, nous plonge dans nos retranchements, nos peurs, au cœur de nos familles imparfaites et parfois destructrices. Dépeindre et exulter les identités A la manière d'un pygmalion, le cinéaste sculpte le regard de chacun des personnages.
Dissertation: Juste la fin du monde de Lagarce. Recherche parmi 272 000+ dissertations Par • 17 Mars 2022 • Dissertation • 2 754 Mots (12 Pages) • 1 097 Vues Page 1 sur 12 Modèle de copie Word Dissertation: Les événements de crises peuvent toucher tout le monde et notamment les héros au théâtre, ce qui va parfois les mener à leur échec. C'est ce que l'on retrouve dans juste la fin du monde, écrit par Jean-Luc Lagarce. Ce dramaturge, atteint du sida, décédera 5 ans plus tard en 1995. Il laissera alors derrière lui une pièce de théâtre mettant en scène des personnages en situation de crise, confrontés aux souvenirs douloureux du passé et aux rancœurs encore présentes. C'est l'histoire de Louis, qui revient, après plusieurs années d'absence, annoncer sa mort prochaine à sa famille et notamment à sa sœur, son frère et sa mère. Mais les retrouvailles se passent mal et Louis ne parvient pas à mettre des mots sur son secret et finira par repartir sans leur avoir dit la vérité sur sa venue. Cependant, cette situation aura permis aux personnages de se livrer et de faire ressortir leurs émotions cachées.
Vincent Cassel (Antoine) dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan Louis retourne dans sa famille après douze ans d'absence: « Douze ans que j'y suis pas allé. Douze ans que tu peux vraiment pas les saquer dis donc. Saquer, non. La famille quoi. Il arrive qu'on laisse chez des gens dont on ne comprend pas qu'ils nous soient proches ou relié par le sang et dont on s'éloigne, volontairement. Douze ans. Et tout à coup, l'idée d'un déjeuner, rattraper le temps perdu, non. Prévenir du temps qu'il reste. Douze ans, c'est long. Et rien, depuis. La mère si, quelquefois. Et ma sœur, que je connais à peine qui n'avait que dix ans quand je suis parti. La belle-sœur aussi, femme de mon frère, charmante à ce qu'on dit. Et puis mon frère. Et pourquoi avoir peur d'eux au fond. Ça pourrait être agréable, comme dans les romans où tout finit en beauté et on finirait par s'aimer. On rirait avec bêtises. Ils fermeraient les yeux sur les erreurs. Ou ils me reprocheraient tout. Ne me pardonnerait rien. Ça pleurerait, ça crierait comme dans les feuilletons qui ne se posent pas de questions.
Il est le porte-parole contre le fils aîné.
Antoine. – Suzanne, j'ai dit que je l'accompagnais, tout est réglé mais elle veut à nouveau tout changer, tu es impossible, il veut partir ce soir et toi tu répètes toujours les mêmes choses, il veut partir, il part, je l'accompagne, on le dépose, c'est sur notre route, cela ne nous gênera pas. Louis. – Cela joint l'utile à l'agréable. – C'est cela, voilà, exactement, comment est-ce qu'on dit? « d'une pierre deux coups ». Suzanne. – Ce que tu peux être désagréable, je ne comprends pas ça, tu es désagréable, tu vois comme tu lui parles, tu es désagréable, ce n'est pas imaginable. – Moi? C'est de moi? Je suis désagréable? Suzanne. – Tu ne te rends même pas compte, tu es désagréable, c'est invraisemblable, tu ne t'entends pas, tu t'entendrais… Antoine. – Qu'est-ce que c'est encore que ça? Elle est impossible aujourd'hui, ce que je disais, je ne sais pas ce qu'elle a après moi, je ne sais pas ce que tu as après moi, tu es différente. Si c'est Louis, la présence de Louis, je ne sais pas, j'essaie de comprendre, si c'est Louis, Catherine, je ne sais pas, je ne disais rien, peut-être que j'ai cessé tout à fait de comprendre, Catherine, aide-moi, je ne disais rien, on règle le départ de Louis, il veut partir, je l'accompagne, je dis qu'on l'accompagne, je n'ai rien dit de plus, qu'est-ce que j'ai dit de plus?
Après la mort de son père et le départ de son frère Louis, Antoine naturellement va prendre le rôle de l'homme de la maison. Le caractère d'Antoine diffère fortement de celui de Louis, il ne maîtrise par l'art des mots et est plus bavard que son frère. On peut également ressentir une certaine tension lors du dialogue entre les 2 frères, en effet Antoine ne veut pas l'écouter. "ANTOINE. — Ne commence pas, [... ] tu vas me raconter des histoires [... ] Je n'ai pas envie d'écouter, [... ] Les gens qui ne disent rien, on croit juste qu'ils veulent entendre, mais souvent, tu ne sais pas, je me taisais pour donner l'exemple. " Antoine éprouve un sentiment d'abandon vis-à-vis de son frère, sa difficulté à correctement exprimer ses émotions le rend maladroit, et quelque peu brutal. Antoine est une personne détruite de l'intérieur par l'abandon de son frère. Il nourrit à l'égard de son frère un sentiment de culpabilité. Il apparaît donc comme le personnage le plus sincère de la pièce, en effet la rencontre avec son frère lui permet malgré tout de vider son sac, de se libérerde ce poids qui lui pesait sur le cœur, même si c'était très...