Le mélange des genres est d'ailleurs aussi un trait caractéristique du Nouveau Roman, dont les principaux écrivains faisaient du cinéma. Lui-même réalisateur, Christophe Honoré use avec une grande finesse de cette dimension dont il fait une porte d'entrée vers la littérature. Ainsi, l'un des moments les plus irrésistibles du spectacle est celui où Anaïs Desmoutier entonne de sa voix d'enfance la sublime chanson d' India Song, pièce de théâtre et film culte de Margueritte Duras (1975). Là encore, le metteur en scène joue le contre-emploi puisque cette chanson a été écrite pour la voix grave de Jeanne Moreau. Mais que cette nouvelle version est belle! « Chanson, toi qui ne veux rien dire, toi qui me parle d'elle, et toi qui me dit tout ». Au passage, évidemment, ce refrain qui pourrait devenir un tube dès demain offre une superbe définition du « nouveau roman », cette forme qui prétend « ne rien vouloir dire » pour, finalement, aspirer à « tout dire » bien plus en profondeur que les formes traditionnelles du récit.
Culture Les écrivains réunis il y a un demi-siècle par Jérôme Lindon font rire au lycée Saint-Joseph. La photo est célèbre. Elle a été prise en 1959 devant l'immeuble des Editions de Minuit, rue Bernard-Palissy, à Paris. On y voit, de gauche à droite, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Mauriac, Jérôme Lindon, Robert Pinget, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute et Claude Ollier. Arrivé en retard, Michel Butor ne figure pas sur cette image en noir et blanc qui rassemble l'éditeur et les auteurs du Nouveau Roman. La vie faisant parfois bien les choses, Michel Butor était à Avignon, lundi 9 juillet, jour de la première du spectacle insolent, appelé tout simplement Nouveau Roman, que Christophe Honoré a tiré de son histoire et celle de ses camarades. Mais l'auteur de La Modification, venu pour la projection d'un film de Blandine Armand (Michel Butor, l'écrivain migrateu r), n'est pas allé au lycée Saint-Joseph, où avait lieu la représentation. Michel Butor ne s'est donc pas vu sur scène, en la personne... d'une femme, Brigitte Catillon, aux jambes aussi longues que ses cheveux sont courts.
Les enjeux d'un tel débat peuvent‑ils intéresser d'autres personnes que des initiés? Telles sont quelques‑unes des questions posées par ce spectacle présenté au Festival d'Avignon. Lire l'article sur Association Les Trois Coups à Avignon Image de la critique de Le vendredi 13 juillet 2012 Christophe Honoré, la nouvelle vie du "Nouveau Roman" Par Brigitte Salino La vie faisant parfois bien les choses, Michel Butor était à Avignon, lundi 9 juillet, jour de la première du spectacle insolent, appelé tout simplement Nouveau Roman, que Christophe Honoré a tiré de son histoire et celle de ses camarades. Mais l'auteur de La Modification, venu pour la projection d'un film de Blandine Armand (Michel Butor, l'écrivain migrateur), n'est pas allé au lycée Saint-Joseph, où avait lieu la représentation... Lire l'article sur Le Image de la critique de L'insensé lundi 09 juillet 2012 Riposte à Honoré l'ancien Par yannick butel Du Nouveau Roman de Christophe Honoré, donné dans la cour Saint Joseph, c'est moins ce que le spectacle montre et présente que je conserverai, que ce qui, à l'évocation d'un nom, d'un mot… se rappelait à la mémoire et au souvenir.
Il y a cette volonté d'une confrontation entre les mentalités. Triste résultat que celui de constater que, malgré les années qui s'écoulent, la difficulté à être auteur ne s'amoindrit pas, bien au contraire. Débutent alors des débats autour de leurs écritures, de leurs perceptions de la place de la littérature dans leur société. Dans un contexte où la culture était sûrement plus centrale, dotée davantage de sens, ces auteurs décident de saluer Beckett et de brûler Balzac! Ils s'interrogent sur la légitimité de chacun et sur la pérennité de leurs œuvres. Quelles traces laisseront-ils? Quelles voix feront-ils entendre cinquante années après leur mort? Tous ces questionnements s'entremêlent au sein de cette collectivité, de cette famille recréée le temps d'une pièce. Bien plus qu'une séance littéraire, c'est la découverte de ces visages, de ces personnalités dont la plume a marqué les esprits. Ainsi, ils se retrouvent soudés et solidaires, dans une démarche de partage et d'échange qui trouve, malgré tout, ses limites.