Bardamu est d'ailleurs embauché au port, parce qu'il a la capacité de compter les puces. Dégouté par New York, Bardamu continue de fuir: il retrouve Lola, lui soutire de l'argent en faisant une scène, et file vers Detroit. Là-bas, il travaille dans les usines Ford, ce qui lui permet de critiquer ce système de travail abrutissant. New york voyage au bout de la nuit ivo pogorelich. Ford crée en effet le fordisme, méthode de travail à la chaîne où les employés font le même mouvement pendant des journées entière. Ce système a par exemple été parodié par Charlie Chaplin dans Les Temps Modernes: le personnage principal ne peut plus s'arrêter de faire les mouvements qu'on lui a imposé pendant toute la journée. Il se lie avec Molly, une prostituée particulière, car elle a une image de sainte: elle aime inconditionnellement son prochain, et est désintéressée de l'argent. Un soir, dans la rue, Bardamu croise Robinson, qui est nettoyeur de nuit. Voyage au bout de la nuit, partie 4: La province Effrayé par la grande ville et le travail forcené, Bardamu r epart pour l'Europe, où il décide de continuer ses études de médecine, qu'il avait arrêtées pour partir au front.
LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Voyage au bout de la nuit Après les champs de bataille de la Première Guerre mondiale et l'Afrique coloniale, Bardamu, le héros du roman, s'apprête à découvrir un nouveau lieu marquant de ce début du vingtième siècle: New York. Voici la première impression qu'il partage avec les autres immigrants lorsque leur bateau pénètre dans la baie de Manhattan. Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous... Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. New york voyage au bout de la nuit christelle. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait 1 pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
Mais au rire va succéder un sentiment de peur. La ville n'est plus aussi drôle, elle est raide et austère, mais aussi dominatrice et puissante. New-York est rigide, le terme "raide" simple et fort à la fois est employé à plusieurs reprises. C'est une ville froide qui elle, n'attend pas le voyageur. Cette forte austérité effraie naturellement les visiteurs, ils sont assez éloigné ("devant la ville" et non à l'intérieur) mais prennent déjà conscience de cet aspect. La focalisation interne permet au lecteur de ressentir les mêmes impressions que les visiteurs, c'est à dire la peur. L'expression "en raideur" de la dernière phrase du texte conclut sur ce sentiment, on peut supposer que dans les lignes qui suivent la peur s'accentue pour se transformer en terreur. New york voyage au bout de la nuit tarot cards. Nous sentons donc une angoisse ardente due à la raideur de la ville. Mais New-York est aussi dominatrice et puissante. Elle est personnifiée en femme autoritaire elle se tient "debout", "droite", elle s'élève pour mieux dominer. Elle est aussi solide, puissante: elle ne "se pâmait pas", donc ne défaille pas et ne s'autorise aucun relâchement ("pas baisante du tout"), et sous cette vison elle effraie naturellement les visiteurs.