"Le Précis de conjugaisons ordinaires" est le fruit d'un jeu à la règle aussi simple qu'étonnante: extrayez une locution de votre langage quotidien (ex: "Ça commence à bien faire! "), passez le verbe à l'infinitif (Commencer à bien faire), puis conjuguez ce dernier à toutes les personnes, modes, temps de la langue française (Je commence à bien faire, Tu commenceras à bien faire, Que nous commençassions à bien faire, Commencez à bien faire!, etc. ). Amusant? Pas seulement. Les auteurs de ce "Précis de conjugaison", adoptant une posture d'apprentis-linguistes, viennent ici remettre en jeu ce qui apparemment va de soi: ils interrogent nos habitudes langagières, fouillent les ressorts de notre oralité et y ouvrent, table après table, des significations insoupçonnées. À travers la manipulation de près de deux cents locutions, la langue française se voit ainsi dépliée (du latin explicare) puis repliée (du latin cumplicare), au cour même du nerf de toute parole: le verbe. Le résultat est, à nos yeux, jubilatoire.
Résumé David Poullard et Guillaume Rannou élaborent ensemble des dispositifs destinés à interroger l'ordinaire, et plus précisément celui de la langue, française en l'occurrence. Leur démarche consiste à repérer dans nos manières de parler des locutions les plus banales possible, à les en extraire, à les observer avec attention, à les tordre, les bousculer, les écouter, jusqu'à en faire apparaître des sens potentiels inattendus. Diverses Tentatives d'étirement du français figé ont ainsi pris forme, sous différents formats (du confetti à l'inscription monumentale en passant par l'affiche et le livre) et dans différents contextes (expositions, interventions dans l'espace public, conférences, workshops). Une série de numéros est ainsi appelée à sortir tous les 3 à 4 mois en proposant au lecteur une trentaine de tables de conjugaisons ordinaires joyeusement hétéroclites. Un Très Précis de conjugaisons ordinaires sur le thème du travail, et un autre sur le thème de la chanson populaire sont sur le point de paraître (octobre 2013) aux éditions Le Monte en l'Air.
Résumé Prenez une locution usuelle dans la langue. Choisissez-la conte-nant un verbe, ou une forme assimilable à une déclinaison verbale. Par exemple: Flux tendu. Passez cette locution à l'infi-nitif: Flux tendre, et déroulez la conjugaison complète de ce nouveau verbe: Je flux tends, tu flux tends, etc. Vous obtenez ainsi une nouvelle table de conjugaison, qui fera apparaître de nouveaux sens, de nouvelles sonorités, de nouvelles poésies: ça flux tendrait, que nous flux tendissions, flux tendant, flux tendons! etc. Renoncez ensuite à la nomenclature habituelle des premiers, deuxième et troisième groupes, et inventez les Pertinents, les Impertinents et les Insolents, avec leurs sous-groupes. Ecrivez avec tout ça un Précis de conjugaisons ordi-naires.... Lire la suite Privilégiez la notion de thématique; par exemple: L'Animal! Y apparaissent, entre autres, les noms d'animaux: Poisson rouge (Poisser rouge: je poisse rouge, vous poissâtes rouge, Poissons rouges! etc. ), Grizzli (Grizzlir: Je grizzlissais, tu avais grizzli, vous grizzlîtes etc. ).
Cela dit, bien du plaisir! David Poullard partage sa vie entre enseignement, commande et "hors commande". Les mots constituent le champ d'investigation de ce dessinateur typographe. Explorations sociologiques, linguistiques et patrimoniales, ses productions interrogent le rapport entre écriture et pratiques sociales. David questionne nos habitudes langagières en collaboration avec Guillaume Rannou. Guillaume Rannou est comédien, metteur en scène, auteur et polyglotte. Après avoir collaboré à l'écriture de la pièce La vérité en pointure, à partir d'un texte de Jacques Derrida, il publie J'ai!, essai dramatique sur le rugby, ou encore êtreaujapon, évocation de son séjour au Japon où il joua dans deux pièces de K. Kushida. Guillaume fait aussi des apparitions au cinéma, notamment sous la direction de Patrice Leconte. Avec David Poullard, il crée le collectif À-ce-qu'on-dit, dédié aux habitudes langagières. Un livre n'est plus disponible? Écrivez à. © Photo Manamu